Emmanuel Bonini a passé trois années sur les traces d'Édith Piaf
PARIS. - Même sa mort fut une mise en scène. En réalité, Édith Piaf est décédée le 10 octobre 1963, à Grasse, dans le sud de la France. Son corps fut ramené aussitôt dans son appartement du boulevard Lannes à Paris. C'est le 11, voici quarante-cinq ans aujourd'hui, qu'on annonça une nouvelle qui allait émouvoir tout un pays.
Et quarante-cinq ans plus tard, Emmanuel Bonini signe, chez Pygmalion, une biographie monumentale, Piaf, la vérité. "À l'origine, Piaf est un personnage qui ne m'attirait pas. Je la trouvais sombre et j'aime ce qui est lumineux. Je sortais d'une biographie de Mireille Mathieu et j'ai été contacté par des gens qui avaient été étonnés de ce que je sache autant de choses qui n'avaient jamais été dites. Ils m'ont dit : "Si vous voulez travailler sur la plus grande, tout le matériel est chez nous ! "J'ai fini par accepter et, à mon grand étonnement, ce travail de trois ans m'a fait rencontrer un personnage attachant. Piaf m'a fait entrer dans une autre dimension. J'ai éprouvé des sentiments que je n'avais jamais ressentis en travaillant une biographie. Par exemple, j'ai beaucoup ri, en écrivant. Et maintenant, je l'aime, cette enfant. Car Piaf est restée une enfant."
Vous comprenez maintenant les hommes qui ont été amoureux d'elle ?
"Bien sûr ! Ce n'était qu'un petit bout de femme d'un mètre 47, mais au début, avant que la maladie ne la déforme, elle était mignonne. Et puis, s'il est vrai que, parmi les hommes de sa vie, il y eut des arrivistes, ce n'était pas le cas de tous. Montand l'a vraiment aimée. Il était fou de Piaf. Il a beaucoup souffert de leur séparation. Et même devant Simone Signoret, il évoquait la douceur de sa peau. Et Sarapo, qui était homosexuel, l'a aimée à sa manière. Il a toujours été très bien avec elle."
Vous avez eu accès aux dossiers des Renseignements généraux...
"Qui confirment que, sans aucun doute, Piaf a sauvé des gens pendant la guerre. Beaucoup de Juifs notamment. Elle a aussi fourni de faux papiers qui ont permis l'évasion de prisonniers de guerre. Et cela ne l'a pas empêchée d'avoir des ennuis à la Libération. J'ai aussi été le premier à avoir accès aux archives privées de celle qui fut, pendant dix-huit ans, sa secrétaire, Danielle Bonel. À la Bibliothèque nationale, j'ai retrouvé sa correspondance avec Jacques Bourgeat, qui, entre 1946 et 1959, fut son confident : elle lui disait tout. Piaf avait son caractère, elle était capable de tout, mais c'était une fille de pureté, d'une générosité totale, qui, a par exemple, cherché à aider d'autres chanteuses comme Rina Ketty ou Dalida. Piaf est restée jusqu'à la fin ce qu'elle était avant d'être célèbre. Une énorme naïveté mais aussi l'instinct infaillible des grands fauves. J'ai retrouvé des documents extraordinaires. Où elle raconte, par exemple, à quel point elle a été déçue par l'abbé Pierre. Elle croyait rencontrer un homme de Dieu et elle eut le sentiment de se trouver devant une espèce de satyre du bois de Boulogne qui cherchait à lui arracher un baiser. Elle en fut très choquée. J'ai aussi rencontré beaucoup de témoins directs ou indirects comme le neveu de la première costumière de Piaf, celle qui a créé la fameuse robe noire."
Les scoops d'Emmanuel Bonini sont aussi iconographiques avec, par exemple, la photo de Cécelle, la fille d'Édith Piaf, morte d'une méningite, à l'âge de deux ans et demi.
Emmanuel Bonini, Piaf, la vérité, Éditions Pygmalion.
Propos recueillis par Eddy Przybylski
Journal "La Dernière Heure" - 11.10.2008.
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C'est sur la Seine ensoleillée, à bord du "palais flottant" Métamorphosis, qu'Emmanuel Bonini sa signé le lundi 13 octobre 2008, sa nouvelle biographie consacrée à Edith Piaf dont nous commémorions le 45e anniversaire de son décès. Nombreux y étaient les invités de prestige ; certains ont contribués, par leur témoignage, a faire de "Piaf, la vérité", un livre des mieux documentés qui soient sur la Môme.
A cette soirée participaient quelques journalistes, des gens du spectacle, de amis de Mireille Mathieu (eh oui...). J'ai pu converser longuement avec le papa de Pascal Auriat, Guillaume Biro, qui a évoqué Pascal Auriat, bien sûr, Johnny Hallyday, Line Renaud, Dalida, Pascal Sevran et surtout Mme Renée Saint-Cyr, la maman de Georges Lautner.
Brigitte Bardot avait adressé une lettre jolie et émouvante à la fois qui, en quelque lignes trace le portrait d'une dernière rencontre la grande Edith et cautionne le travail accompli par l'auteur dont le livre.
Monsieur Patrick Divert, fleuriste parisien, m'a dit ô combien il aimait "notre" Mireille" en me montant une photo prise tout récemment. Monsieur André Schoeller, "l'amour secret d'Edith Piaf" et qui était pour elle son "exceptionnel", était également présent.
Sur les photos plus bas vous reconnaîtrez la petite fille de province, Charlotte Julian, et Mme Danielle Mitterand qui a honoré Emmanuel Bonini de sa présence surprise.
(M. Bonini m'ar permis de reproduire la lettre de Brigitte Bardot.)
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